Revoir l'évènement air2021 : entre partage et protection, quelle éthique pour l’ouverture des données ?
Lundi 8 novembre 2021 a eu lieu la nouvelle édition de l’événement air, comme « avenirs, innovations, révolutions », portant sur une question d’éthique du numérique. Le thème retenu cette année par la CNIL était celui de l’ouverture et du partage des données.
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Un succès au rendez-vous
Comme chaque année, l’événement air a été l’occasion pour la CNIL d’inviter un large public à prendre part à un débat éthique lié à la protection des données personnelles.
L’ambition de la CNIL au travers de cette manifestation est de favoriser le dialogue entre toutes les parties prenantes d’une même problématique liée à la protection des données personnelles.
Après s’être intéressé au fonctionnement des algorithmes, à l’impact des Civic techs et aux effets de la révolution numérique sur les ressources humaines lors des précédentes éditions, le thème choisi cette année était celui de l’ouverture et du partage des données.
Au total, plus de 1200 personnes étaient réunies, physiquement et en ligne. Parmi elles, une grande diversité d’acteurs du milieu scientifique, du secteur privé et des administrations, ainsi que les réseaux d’éducation au numérique, les autorités de régulation compétentes et le grand public.
Le lancement de nouveaux travaux sur l’ouverture et le partage des données
Comme rappelé en introduction des débats par Marie-Laure Denis, présidente de la CNIL, la mise à disposition de données au plus grand nombre n’est pas seulement un enjeu « tech », mais surtout une question économique, scientifique, démocratique et politique. Elle a ainsi souligné la nécessité de débattre de ce sujet au regard de la complexité des questions juridiques et techniques qu’il pose. Elle a également insisté sur le souhait de la CNIL de promouvoir une approche du partage des données éthique et respectueuse de la vie privée dès la conception - « by design ».
Dans cette logique, la présidente de la CNIL a annoncé la création d’un groupe de travail sur l’ouverture et le partage des données. Ces travaux seront pilotés par Anne Debet, membre du collège de la CNIL. Ils auront pour mission de clarifier, par des critères et des exemples très concrets, la façon dont les textes doivent s’appliquer en matière de publication et de réutilisation des données, qu’elles soient publiques ou privées, publiées sur internet ou partagées par les entreprises.
Ils viendront utilement compléter le guide pratique de la publication en ligne des données publiques co-créé en 2019 par la CNIL et la CADA, en partenariat avec les services d’Etalab.
L’accès du public à des expertises terrain, politiques et scientifiques
L’événement air a notamment été l’occasion pour Amélie de Montchalin, la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, de présenter la stratégie gouvernementale en matière d’ouverture des données.
Par la suite, Axelle Lemaire, ancienne secrétaire d’Etat au numérique, et Eric Bothorel, député des Côtes d’Armor en charge du rapport sur la politique publique de la donnée, sont revenus sur la structuration progressive du cadre règlementaire français.
Malte Beyer Katzenberg de la Commission européenne a poursuivi en présentant les discussions en cours à l’échelle européenne dans le cadre du Digital Governance Act. Eric Salobir, du Conseil national du numérique, a fait le lien entre l’évolution du glissement sémantique des « données d’intérêt général », vers des données dites « altruistes », et l’apparition d’une nouvelle « morale » européenne de la donnée.
Stéphane Gigandet, le fondateur d’Open food facts, une base de données collaborative et ouverte, a ensuite partagé son expérience, exemple de commun numérique.
Une table ronde a également été organisée sur le thème de l’impact de l’épidémie de COVID-19 sur les pratiques d’ouverture de données dans le champ de la santé. Elle a réuni Nathalie Mesny de l’association de patients Renaloo, Martin Daniel, à l’origine de Covidliste et Julien Marchal, co-directeur de l’Innovation de l’Agence régionale de Santé d’Île-de-France.
Enfin, un dernier temps de réflexion a été consacré à l’approche méthodologique nécessaire de la donnée. Le chercheur Yves-Alexandre de Montjoye a détaillé les enjeux d’anonymisation et de pseudonymisation, tandis qu’Anne Bouverot de la fondation Abeona est revenue sur les risques de discriminations liés à l’intelligence artificielle. Pierre Romera, CTO de l’International Consortium of Investigative Journalists a détaillé l’importance de la data dans les nouvelles pratiques journalistiques et Caroline Goulard de Dataveyes a terminé la journée par un moment inspirant de datavisualisation.
Une nouvelle édition de l’événement air, comme « avenirs, innovations, révolutions » sera organisée en 2022.