IA : Mobiliser la base légale de l’intérêt légitime pour développer un système d’IA

10 juin 2024

La base légale de l’intérêt légitime sera la plus couramment utilisée pour le développement de systèmes d’IA. Cette base légale ne peut toutefois pas être mobilisée sans en respecter les conditions et mettre en œuvre des garanties suffisantes.

L’intérêt légitime est l’une des 6 bases légales prévues par l’article 6 du RGPD.  

Elle est souvent adaptée pour fonder le développement, par des organismes privés, de systèmes d’IA, notamment quand la base de données utilisée ne repose pas sur le consentement des personnes (souvent complexe à collecter à grande échelle ou en cas de collecte indirecte).

Concernant les organismes publics, l’intérêt légitime peut être utilisé lorsqu’une autorité publique souhaite développer un système d’IA uniquement lorsque les activités visées ne sont pas strictement nécessaires à l’exercice de ses missions spécifiques mais pour d’autres activités légalement mises en œuvre (comme par exemple, les traitements de gestion des ressources humaines).

Pour plus d’informations : sur le recours à l’intérêt légitime par un organisme public, voir notamment le cas illustré dans « Comment choisir la base légale d’un traitement ? Cas pratiques avec certains traitements mis en œuvre par la CNIL ».

Le recours à l’intérêt légitime est toutefois soumis à trois conditions :

  • L’intérêt poursuivi par l’organisme doit être « légitime » ;
  • Le traitement envisagé est justifié par la condition de « nécessité » ;
  • Le traitement ne doit pas porter une atteinte disproportionnée aux droits et intérêts des personnes dont les données sont traitées, compte tenu de leurs attentes raisonnables. Une « mise en balance » des droits et intérêts en cause doit donc être réalisée au regard des conditions concrètes de sa mise en œuvre.

Le responsable du traitement est tenu d’examiner la conformité de son traitement à ces trois conditions. A cette fin, il est recommandé, à titre de bonne pratique, de la documenter.  En tout état de cause, lorsqu’une AIPD est nécessaire, les garanties apportées pour limiter l’atteinte susceptible d’être portée au droits des personnes doivent y être décrites par le responsable de traitement (voir fiche « Réaliser une AIPD si nécessaire »).

D’autres bases légales peuvent également être envisagées pour le développement de systèmes d’IA (voir la fiche « Assurer que le traitement est licite – Définir une base légale »).

Première condition : l’intérêt poursuivi doit être « légitime »


Deuxième condition : le traitement doit être « nécessaire »


Troisième condition : s’assurer que l’objectif poursuivi ne menace pas les droits et libertés des individus


 

Étapes Risques Mesures
Collecte des données

En particulier pour le moissonnage ou web scraping, dans les cas où cela n’entre pas dans les attentes raisonnables des personnes :

  • Atteinte à la vie privée
  • Atteinte à la liberté d'expression
L'entraînement du modèle et la conservation des données
  • Perte de confidentialité des données d’entrainement
  • Anonymisation / pseudonymisation des données lors de la collecte
  • Recours à des données synthétiques
  • Atteinte à la vie privée et perte de confidentialité lié à la mémorisation/régurgitation des données dans le modèle
  • Manque de transparence et opacité des traitements
  • Difficulté de garantir l'exercice des droits
  • Facilitation de l'exercice des droits
  • Droit d’opposition discrétionnaire 
  • Délai raisonnable entre la constitution de la base et son utilisation 
  • Transmission de l’exercice des droits
Utilisation du système d’IA
  • Atteinte à la vie privée et perte de confidentialité lié à la mémorisation/régurgitation des données dans le modèle
  • Atteinte à la réputation
  • Régurgitation de données protégées

 

  • Biais discriminatoires
  • Qualité de la base
  • Annotation dès la phase de constitution de la base
  • Application de filtres en phase de déploiement
  • Réutilisation illicite
  • Licences de réutilisation
  • Tatouage numérique (watermarking)